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Réduire au maximum, le risque d’exposition aux pathogènes

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Les travailleurs de la santé sont confrontés à tous les jours aux risques que peuvent représenter la
manipulation des liquides biologiques. Ces liquides sont produits par le corps humain. Il s’agit principalement ; du sang, des urines, des fèces et des expectorations. Ils peuvent représenter un risque
pour la santé en raison de la présence potentiel d’agents pathogènes et/ou des résidus de produits
cytotoxiques issus des traitements de chimiothérapie.

Autre que le risque d’exposition aux liquidex biologiquex par blessure (coupure ou piqûre avec
une aiguille) (INSPQ,2019), il y a un risque d’éclaboussures dès que le travailleur manipule et
transporte les équipements contenant des liquides biologiques. Deuxièmement, dans certains
cas, il y a un risque de contamination lors de la disposition de ces liquides dans une toilette.
Ce risque proviendrait de la création de gouttelettes et d’aérosols lorsque la chasse d’eau est tirée.
À titre d’exemple, une étude a démontré la présence dans l’air d’une population de virus après avoir
tiré une seule fois la chasse d’eau (Cooper 2017). Dans cette étude les chercheurs ont également
quantifié la population de virus présente dans l’air en fonction du temps. Les résultats obtenus
permettent de constater à la figure suivante, que les concentrations demeurent relativement importantes pendant les 15 premières minutes. Il est à noter sur cette même figure qu’il existe un
risque potentiel jusqu’à une heure après avoir tiré la chasse d’eau selon les conditions du milieu et
la nature de la dose infectieuse (Cooper 2017).

Le risque lié à la manipulation des liquides biologiques est très élevé

Il y a donc possibilité pour un virus (exemple; le virus de la gastroentérite) d’être inhalé ou avec le
temps de se retrouver sur une surface ce qui représenterait alors un risque de contamination par
contact indirect.
Comme mentionné en introduction, les liquides biologiques peuvent être également contaminés par des résidus de produits cytotoxiques qui proviennent des traitements de chimiothérapie
(Fransman 2007). Pour les travailleurs le risque d’exposition à ces produits se fait sous forme
d’inhalation, ou de contact (direct ou indirect) avec la peau ou les muqueuses (Sessink et al. 2015).
Le Guide de l’ASSTSAS (2008) relate que sur : 18 études, 16 ont décelé la présence de médicaments
dans les urines du personnel, dont 4 chez du personnel ne manipulant pas de médicaments. Les
auteurs du document pensent que pour les 4 personnes qui ne manipulent pas de produits que la
source de contamination est indirecte par contact avec des surfaces contaminées.
Cette exposition aux produits cytotoxiques peut engendrer différentes pathologies chez les travailleurs. Selon l’Alerte émise par le NIOSH en 2004, elle peut occasionner de l’infertilité, des éruptions
cutanées, des fausses couches, des malformations congénitales et possiblement différentes cancers. Il est important de ne pas oublier qu’en plus des travailleurs de la santé, les travailleurs dans
les hôpitaux vétérinaires sont également exposés à ces types de médicaments.
Outre le risque associé à la préparation des médicaments, la manipulation et le transport des liquides biologiques représentent un risque d’éclaboussures ou de déversements qui peut occasionner une exposition par contact direct avec les médicaments dangereux. À titre d’exemple, des
études ont démontré qu’il existait un risque d’exposition lors de la manipulation des urines des
patients lorsqu’ils étaient élimer dans les toilettes (Kromhout et al. 2000, Fransman et al,2007). Il
est à noter qu’hypothétiquement, il y aurait aussi possibilité de les retrouver dans les gouttelettes
et les aérosols lorsque l’on tire la chasse d’eau.
L’exposition aux liquides biologiques peut être possible dans différentes unités dans un hôpital
en regard des activités qui y sont réalisées. Le bloc opératoire en est un bon exemple. Les liquides
biologiques produits par les activités de chirurgie mettent à risque les travailleurs tout au long de la
gestion de ces déchets. (Larocque et.al., 2017) Juste les liquides provenant des irrigations peuvent
produire en moyenne près de 1282 ml de liquide (Larocque et.al., 2017). Il est à noter que ce volume
demeure variable selon le type d’intervention chirurgicale pratiquée.

En regard de ces exemples, la réduction du risque liée à la manipulation des liquides biologiques est donc très importante pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs de la santé. Actuellement, en dehors de la vaccination et des simples pratiques de base (lavage des mains,
port des gants, protection des yeux, blouse), il existe peu de techniques qui permettent une réduction du risque lié à la manipulation des liquides biologiques afin de répondre aux besoins des
différentes activités de soins. Cependant, pour les salles d’opérations il existe la possibilité d’utiliser
un système d’élimination fermé (UETMIS 2018). Toutefois, les avantages économiques de ce type
d’équipement nécessitent des volumes importants de production de liquide biologique (10 litres et
plus) (Larocque et.al., 2017).
Le système ouvert actuel demeure donc pour l’ensemble des unités de soins la principale alternative pour la gestion des liquides biologiques malgré le fait qu’elle représente un risque important
pour les travailleurs. Cependant, il y a possibilité d’améliorer le système ouvert afin de réduire les
risques d’exposition. L’une de ces possibilités est l’utilisation de sacs hygiéniques qui comprennent
un tampon absorbant pour les urines, le vomit et les selles liquides. La seconde est l’utilisation de
bâton ultra absorbant qui permet d’absorber un litre et plus de liquides. Il suffit tout simplement
de l’insérer dans le contenant afin de gélifier le liquide, exemple les contenants à succion, collecte
d’urine etc. Cette façon de faire limite donc de manière importante les risques d’exposition des
travailleurs aux liquides biologiques et par corollaire elle limite aussi les coûts socio-économiques
liés à un travailleur qui développe une pathologie. Il est à noter que ce type de bâton peut être également utilisé lorsqu’il y a de petits déversements dans l’environnement.

 

Par Richard Massicotte, PhD

 

 

RÉFÉRENCES :

Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS), 2008. Guide de prévention; Manipulation sécuritaire des
médicaments dangereux. 158 p.
Cooper J., 2017, The role of hospital toilets in microbial dissemination and the effectiveness of ultraviolet C irradiation, Thesis, University of British Columbia,
104 p. Fransman W, 2007. Antineoplastic drugs: Occupational exposure and health risks , Thesis Utrecht University 168 p. Institut Nationale de Santé Publique du Québec (INSPQ), 2019, Exposition aux liquides biologiques, https://www.inspq.qc.ca/sante-voyage/guide/risques/liquides-biologiques/definition.
Kromhout H, Hoek F, Uitterhoeve R, Huijbers R, Overmars RF, Anzion R, Vermeulen R. 2000. Postulating a dermal pathway for exposure to anti-neoplastic
drugs among hospital workers. Applying a conceptual model to the results of three workplace surveys. Ann Occup Hyg 44:551-560. Kromhout H, Hoek F,
Uitterhoeve R, Huijbers R, Overmars RF, Anzion R, Vermeulen R. 2000. Erratum to: «Postulating a dermal pathway for exposure to anti-neoplastic drugs
among hospital workers. Applying A conceptual model to the results of three workplace surveys». Ann Occup Hyg 44:657. Larocque B., L’Espérance S., Nourissat A.,Coulombe M., Rhainds M., 2018, Évaluation d’un système en circuit fermé pour la gestion des déchets liquides biologiques au bloc opératoire dans
le cadre des travaux du Nouveau complexe hospitalier du CHU de Québec-Université Laval. Sessink P. J.M., Sewell G. Vandenbroucke J., 2015. Preventing
occupational exposure to cytotoxic and other hazardous drugs. Policy recommendations. Editor: Amaya Erce, Rohde Public Policy, 28 p. The National Institute for Occupational Health and Safety (NIOSH),2004. Alert, Preventing Occupational Exposures to Antineoplastic and Other Hazardous Drugs in Health
Care Settings. Department of health and human sciences, Centers for disease control and prevention (CDC), 58 p. Unité d’évaluation des technologies et des
modes d’intervention en santé (UETMIS)2018, Rapport d’évaluation 10-18, Direction de la qualité, de l’évaluation, de l’éthique et des affaires institutionnelles
(DQEEAI), préparé par : FRCPC UETMIS, CHU de Québec-Université Laval https://www.chudequebec.ca/professionnels-de-la-sante/evaluation/evaluation.
aspx, 69 p.